Analogie rêve qui se réalise?
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Nous rêvons toutes les nuits, même si nous ne souvenons pas de l’immense majorité de nos rêves. Ceux que nous faisons pendant le sommeil paradoxal portent des messages de l’inconscient, qui peuvent nous aider à avancer dans notre vie. Encore faut-il être capable de les comprendre et les interpréter. Rencontre avec Tristan-Frédéric Moir, psychanalyste et onirothérapeuthe, spécialiste du langage des rêves.
De même, le rêve ne s’adresse qu’à celui qui le fait : il s’agit donc de ramener les choses à soi et non de les projeter sur les autres. Pouvez-vous expliciter la notion d’analogie ? Le langage du rêve est analogique, c’est-à-dire que les éléments qui sont dans le rêve ne sont pas exacts par rapport à leur forme, mais sont porteur d’un sens, d’une émotion, d’une représentation.
Si vous prenez un symbole, il représente quelque chose mais pas cette chose au premier degré. Si vous rêvez d’une personne, dans la majorité des cas, elle ne représente pas cette personne en elle-même, mais une partie de vous ou une figure analogique. Vous voulez dire que quand on rêve de quelqu’un, en réalité, on ne rêve pas de cette personne ?
J. JUNG. — L’ANALYSE DES RÊVES 161 un accroc à la loi de causalité. Le rêve d’un enfant est différent de celui d’un adulte, comme le rêve d’un lettré diffère de celui d’un illettré. Le rêve a quelque chose d’individuel ; il est conforme à la disposition psychologique du sujet. En quoi consiste la disposition psychologique? Elle est elle- même le résultat de notre passé psychique.
Notre état mental actuel dépend de notre histoire. Il y a dans le passé de chacun des éléments de valeur différente, qui déterminent la « constellation » psychique. Les événements qui n’éveillent pas d’émotions fortes, influencent peu nos pensées et nos actes, par contre ceux qui provoquent de fortes réactions émotives sont d’une grande importance pour le développement psychologique ultérieur.
Ces souvenirs à grand coefficient émotionnel forment des complexus d’associations qui ne sont pas seulement de longue durée, mais aussi très puissants et fortement liés.
C’est plus aussi que ce que nous promet la « réalité » de la science. Pour Lacan, la réalité dans le rêve est un moyen qui nous fournit par son manque même l’accès à quelque chose d’autre, à ce qui est en jeu du réel dans l’inconscient. Et remarquez que la répétition a la charge de cette réalité nouvelle.
La répétition du rêve traumatique restitue au sujet l’empreinte d’une réalité impossible à saisir, celle même de l’événement traumatique, qui est maintenant devenu une « réalité psychique ». C’est là où le réveil est impossible qu’il nous fournit, dans son impossibilité, l’éveil à ce quelque chose de nous qui est le plus réel. Le rêve est une bévue Qu’est-ce qui se passe quand nous rêvons ?
On pourrait penser qu’il rêve de vérité parce qu’il est freudien, parce qu’il transfère sur Freud. Cette vérité, pour Lacan, participe du mirage, du rêve, car « seul le mensonge est à attendre » (24). Celui du symptôme par exemple, proton pseudos disait Freud. Le rêve n’est pas le symptôme. Lacan, dans son Séminaire II, nous dit qu’ils n’ont en commun qu’une grammaire.
Il ajoute : « Ils sont aussi différents qu’un poème épique l’est d’un ouvrage sur la thermodynamique.
Pour persuader ainsi, la rhétorique ne suffit pas : il faut la force créatrice d’une poétique effectivement modelée sur le rêve, son travail, ses sensations. Nulle antinomie donc à conjoindre la part du spectateur, au sens rhétorique de l’effet, et celle du créateur dans une poétique qui se souvient de son étymologie grecque.
C’est au contraire un des traits caractéristiques de la fabrique onirique du film de penser la créativité filmique en fonction d’un maximum d’effet que seuls l’intensification et la figurabilité oniriques ainsi que les scénarios propres au rêve permettent d’atteindre.
La poétique du rêve devient ainsi une forme de création modelée sur un référent nocturne insaisissable, dont certaines œuvres parviennent en effet à s’approcher, pour mieux reconfigurer l’expérience de l’homme ordinaire du cinéma.
10 Starobinski Jean, « la vision de la dormeuse », in Nouvelle Revue de Psychanalyse, n ° 5 (« L’Espac (…) 5Pour déployer en extension et compréhension les ressorts d’une telle fabrique onirique, si profondément ancrée dans ce nouveau régime des arts qui trouve son apogée, après la Première Guerre mondiale, dans la littérature et le cinéma, l’assise psychanalytique qui fut celle de l’époque reste nécessaire, ne serait-ce que pour incarner et motiver, donner chair, forme et sens à l’hypothèse de la présence poétique du rêve dans certains films.