Balzac quand l’homme rêve?
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parvinrent plus d’une fois à mon oreille. Quand l’inconnu cessa de parler, les dames se turent. M. Bodard dormait. Le chirurgien à moitié gris, Lavoisier, Beaumarchais et moi nous avions été seuls attentifs, car M.de Calonne jouait avec sa voisine. En ce moment, le silence eut quelque chose de solennel ; la lueur des bougies me paraissait avoir une couleur magique.
Un même sentiment nous avait attachés par des liens mystérieux à cet homme, qui, pour ma part, me fit concevoir les inexplicables effets du fanatisme. Il ne fallut rien de moins que la voix sourde et caverneuse du compagnon de Beaumarchais pour nous réveiller. – Et moi aussi, j’ai rêvé !… s’écria-t-il. Je regardai plus particulièrement alors le chirurgien, et j’éprouvai un sentiment instinctif d’horreur.
Son teint terreux, ses traits à la fois ignobles et grands, offraient une expression exacte de ce que l’on me permettra de nommer ici la canaille. Quelques grains bleuâtres et noirs étaient semés sur son visage comme des traces de boue, et ses yeux lançaient une flamme sinistre.
mon Dieu, après-demain il peut devenir aussi célèbre que Volange, répliqua l’inconnu. M. de Calonne montra le chirurgien par un geste qui semblait nous dire : – Celui-là me paraît devoir être plus amusant. – Et auriez-vous rêvé d’une reine ? lui demanda Beaumarchais. – Non, j’ai rêvé d’un peuple !… répondit-il avec une emphase qui nous fit rire.
Honoré de Balzac Sténie, ou Les erreurs philosophiquesFrance 1820 Genre de texte Roman épistolaire Contexte Le rêve se situe dans la toute première lettre de ce roman épistolaire qui prend l’allure d’un texte philosophique. Jacob del Ryès fait des confidences à son grand ami Vanehrs. Dans cette lettre, Jacob raconte son départ de Paris pour aller aux armées.
Toutefois, la mère de Stéphanie organise le mariage de sa fille avec M. de Pancksey, ce qui plonge Jacob dans le désespoir. Le rêve annonce le duel entre M. de Plancksey et Jacob, qui tentera tout pour avoir le cœur de sa bien-aimée. Notes * Et surtout des songes prémonitoires, comme le prouve le roman de Sténie.
Dans Louis Lambert, p. 100-1003, Balzac proposera une interprétation mystique des phénomènes du même ordre, extase, divination, prémonition. Larves : d’après le Dict. infernal de Collin de Plancy, ce sont « les âmes des méchants, que l’on dit errer çà et là pour épouvanter les vivants ». Ce mot est employé par Balzac au sens de fantômes, comme l’indique la suite du texte.
Sous le soleil de Satan, Par (…) 29Le but de l’écrivain catholique, selon Bernanos, est de montrer qu’il faut dépasser le réalisme, et que l’homme ne vit pas seulement dans le monde matériel mais « à la frontière du monde invisible » (p. 160).16 Comme le personnage de Dostoïevski, l’être bernanosien se révèle, dans de grandes scènes paroxystiques, inconnu à lui-même, dépossédé de soi.
, p. 1039. Bernanos oublie ici de rappeler que Balzac prétendait déjà écrire à la lumière de (…) 21 Ibid., p. 1045. 22 Ibid., p. 1045.
Ce reproche porte d’ailleurs à faux car dans le Temps retrouvé, Proust se prononce (…) 30Dans son entretien avec Frédéric Lefèvre, Bernanos insiste ainsi sur la nécessité pour le romancier catholique de parvenir à cette « vision intérieure du réel », et sur le « rôle apologétique » qui consiste pour lui à « marcher devant », dans la « descente aux abîmes », puisqu’il a « un flambeau à la main » 18… L’auteur de Sous le soleil de Satan s’éloigne ainsi de Balzac « visionnaire assiégé par le rêve auquel il a donné la vie », écrivain en proie à « l’angoisse du cauchemar lucide qui l’assaillait de toutes parts » 19, pour aller vers ce qu’il appelle un « réalisme catholique ».20 Il en profite pour prendre ses distances avec l’auteur de À la recherche du temps perdu, considérant que « la terrible introspection de Proust ne va nulle part »21 et lui reprochant de se placer du point de vue de « l’observation pure ».22 Mais Bernanos doit peut-être plus qu’il ne veut bien le dire aux « intermittences » de la narration proustienne – qui sont non seulement celles du cœur mais aussi celles du sommeil et du rêve, comme le montrent bien les premières pages de la Recherche.
23 G. Picon, Bernanos, l’impatiente joie, Paris, R. Marin, 1948 ; rééd.