Chinois qui rêve?
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Pékin. Le rêve chinois fait probablement partie du casting du rêve américain, étant le plus récent et peut-être, qui sait, le dernier produit de l’hégémonie culturelle américaine du XXe siècle. L’expression « rêve chinois » est apparue dans les médias américains vers 2012, et l’écho américain est évident, immédiat.
Il apparaît dans le titre d’un livre de l’écrivain sino-américain Helen H. Wang, The Chinese Dream:The Rise of the World’s Largest Middle Class, ainsi que dans un article du mensuel Atlantic et dans une chronique de Thomas Friedman dans le New York Times le 2 octobre de la même année.
Le rêve chinois revient fréquemment dans les discours de Xi Jinping entre fin 2012 et début 2013 (ils sont maintenant rassemblés dans son libre The Governance of China).
Mengzhi ZhenG. – « Plissements n° 56 », 2018 © ADAGP, Paris, 2023 Avant la pandémie de Covid-19, la Chine semblait à portée de main. Les vols directs entre Montréal et Pékin survolaient le pôle Nord et parcouraient les dix mille kilomètres séparant les deux métropoles en douze heures environ.
Mais en ce printemps 2023, tandis que la Chine décidait finalement de sortir de trois ans d’isolement, ces lignes avaient disparu. Faute de mieux, il a fallu se résigner à réserver un billet Montréal-Toronto-Zurich-Hongkong, un périple de plus de trente heures. J’allais bientôt découvrir que la pandémie n’avait pas perturbé seulement les déplacements aériens.
Je suis donc parti à la recherche du « rêve chinois », pour reprendre le titre de mon blog « Reading the China Dream », créé en 2018. Pour suivre la vie intellectuelle chinoise, je lis, traduis, interprète et rappelle le contexte de textes publiés par des auteurs qui ne sont ni à la solde du régime, ni des dissidents.
Xi Jinping a explicité les étapes de la réalisation de ce rêve: 30 ans de réformes, 60 ans de République populaire et 170 ans d’histoire moderne. Tout a démarré en 1842 avec la première guerre de l’opium et les traités inégaux imposés par les canonnières britanniques, qui vont précipiter la chute d’un empire vieux de 2000 ans.
L’artiste-activiste Ai Weiwei – récemment mis à l’honneur par le Festival du film et forum international sur les droits humains – en est l’une des figures emblématiques.
Vendredi, il diffusait ce tweet: «Les dirigeants chinois devraient cesser de rêver et s’éveiller pour affronter la réalité.» Sur le terrain, ce sont des millions de personnes qui luttent pour un autre rêve.Le «rêve chinois» de Xi Jinping est-il de nature à faire rêver le reste de la planète? Peut-être à Moscou, où il s’est rendu cette semaine pour sa première visite comme chef d’Etat. Mais ailleurs?