Comment magritte représente-t-il le rêve?
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Je pense avec netteté, mais cela ne signifie pas que les images obtenues soient plates et sans mystère. Cette netteté de pensée, en peinture, rejoint donc le trompe-l’œil ? Il permet de donner à l’image peinte l’expression de profondeur propre au monde visible, et parce que ma peinture doit ressembler au monde pour pouvoir en évoquer le mystère. Vous êtes donc bien surréaliste ? Voilà la question qu’il ne fallait pas poser.
Figurez-vous que le mot « surréalisme » ne signifie rien pour moi. De même que le mot « Dieu », par exemple : c’est un mot qui sert à résumer ou à se débarrasser… d’une préoccupation. Ça sert simplement à dire : oui, ça c’est du surréalisme, oui, ça c’est Dieu qui l’a fait. Alors on sait de quoi il s’agit.
Je n’ai ni le temps ni le goût de jouer à l’art surréaliste. J’ai une tâche énorme devant moi : imaginer des objets charmants qui réveilleront ce qui nous reste de l’instinct de plaisir. Il convient d’éviter l’équivoque et de se distinguer des surréalistes.
Si je pouvais montrer l’immobilité absolue, j’atteindrais, je crois, une certaine perfection, parce que cette immobilité absolue correspondrait à un arrêt de la pensée, la pensée qui ne peut pas dépasser une certaine limite, qui ne peut pas comprendre que le monde existe.
Le Romantisme s’y était déjà intéressé mais comme moyen de décorporation de l’âme du dormeur permettant à celle-ci de rejoindre « L’âme universelle », sorte de résurgence du noos (équivalent spirituel du cosmos) des anciens grecs.
Certains de ses membres, tels que Henri Michaux, n’hésitèrent pas à pratiquer le dessin ou la peinture en état d’éveil hallucinatoire du à la prise de mescaline, afin de pouvoir visualiser cette surréalité de l’âme, plus prosaïquement dénommée « inconscient ». Le peintre belge René Magritte fut beaucoup plus sage et son oeuvre, féconde, porte de nombreuses traces de cette exploration de l’inconscient par les rêves. Cette oeuvre de 1954 en est presque un paradigme psychanalytique. Découvrons-en les éléments.
Un moment impossible La scène, dans sa partie inférieure semble se dérouler la nuit, contredisant un ciel de plein-jour occupant la portion supérieure de l’image.
Avec l’œuvre de Magritte intitulée La Victoire, il y a de quoi trouver une alternative toute aussi intéressante. Cette œuvre met en scène une porte entrouverte et camouflée, qui mène vers l’horizon. Les frontières se brouillent lorsque le ciel devient la mer et le sol la porte. Ainsi, il devient impossible de déchiffrer le réel, qui bascule subtilement vers l’irréel.
Le nuage qui passe à travers peut évoquer ce moment où, pris entre le sommeil et l’éveil, nous glissons délicatement vers le rêve. Un moment suspendu poétique ! #3 Photo : ceci est la couleur des mes rêves, Joan Miró (1925) Photo : ceci est la couleur des mes rêves, Joan Miró (1925) Joan Miró joue avec nos certitudes lorsqu’il indique que cette peinture est une photo.
#4 L’œil orangé, Arnaud Ele (2019) L’œil orangé, Arnaud Ele (2019) Le photographe Arnaud Ele est un amoureux de photographie analogique, ayant eu des appareils argentiques (même jetables) depuis l’enfance.
Dans les tableaux de R. Magritte, on peut retrouver les caractéristiques du rêve : Mélange de choses existantes mais qui pourtant, associées ensemble semblent totalement irréelles. Pourtant, tout cela semble normal, car la manière de peindre se rapproche beaucoup du « académique » [ « Ma façon de peindre est banale. Ce qui est intéressant, c’est ce qu’elle montre. »R. Magritte ]. Si l’on l’observe chaque forme, chaque couleur l’une après l’autre, il n’y a rien de surréaliste.
C’est lorsque l’on met ces choses ensemble que le mélange devient étrange, comme le principe du Cadavre Exquis, sauf que chez Magritte, c’est du cadavre exquis pictural et mûrement réfléchi.On pourra prendre l’exemple du tableau : L’empire des Lumières (1954)Huile sur toile (146 x 114) On peut se demander comment René Magritte parvient à faire de ce tableau un univers mystérieux qui relève du rêve et de l’illusion.
A priori rien ne semble être paranormal : Il y a un ciel et il y a une maison.Oui mais, le ciel est bleu comme en plein après-midi, et la maison est plongée dans une nuit profonde : il y a un illogisme, ce qui entraîne chez le public un grand déroutement.
Moins subtilement ; une locomotive sort d’une cheminée d’appartement, des pains – doublement de fantaisie – croisent dans l’air comme des zeppelins, des pieds s’achèvent en brodequins délacés, un poisson a perdu une Jambe à la guerre : le monde de René Magritte est très exactement celui du prodige (1).
Très tôt, et une fois pour toute – c’était en 1920 – Magritte a trouvé le ressort et aussi l’abondant réservoir de son inspiration dans le rejet du bon vieux principe de non-contradiction, clé de la cohésion supposée du monde, et dans la description minutieuse des images incongrues libérées par ce rejet.
Premièrement, je défais les associations de la vie réelle et du bon sens, je récuse l’ordre des choses et le redistribue à ma fantaisie ; deuxièmement, je décris le plus fidèlement, le plus clairement, le plus posément possible ces rapprochements imaginaires, ce monde perturbé et dérangé à ma guise, qui n’obéit plus qu’à l’injonction poétique (dans le meilleur cas), ou au désir d’étonner (dans le pire). Magritte est à la peinture ce que Lobatchevsky fut à la géométrie.