Ce vieux rêve qui bouge vod?
Share
Please briefly explain why you feel this question should be reported.
Please briefly explain why you feel this answer should be reported.
Please briefly explain why you feel this user should be reported.
2 Avis Deux moyens métrages qui révélèrent le talent burlesque et inattendu d’Alain Guiraudie, sur fond d’usines, de Sud-ouest fantaisiste et de sensualité débridée. Dans une usine sur le point de fermer et dans laquelle il ne reste plus qu’une poignée d’ouvriers, un jeune technicien vient démonter une dernière machine. Tandis qu’il travaille, les ouvriers attendent la fin de la semaine en bavardant et en se promenant.
Mais attention, ils ne font pas que ça non plus. Parce que, dans cette usine, on s’aime et on rêve de drôles de choses. Ce moyen métrage (50min) qui révéla l’auteur du « Roi de l’évasion » est présenté avec, en complément de programme, « Du soleil pour les gueux » (55min) où se croisent une coiffeuse, des bandits, un berger… en pleine guerre des « ounayes ». Inventions burlesques, téléscopages inattendus, sensualité débridée…
L’univers d’Alain Guiraudie ne ressemble à rien de connu. Il invente de nouveaux repères dans un Sud-ouest décomplexé, homosexuel, onirique et pince-sans-rire. Le film a été soutenu par l’ACID lors de sa sortie en salle. Durée totale du progamme : 1h45.
Affranchi, rigoureux, accueillant : ce vieux rêve qui bouge encore. Et qui bouge bien. Format 1,33, cadres straubiens mais ludiques, durée de sa propre nécessité et présentation originale et sans pathos d’un petit monde d’une usine en voie de désaffection et qui bouge encore de toutes ces vies, avec un humour bienveillant qui côtoie sans encombre une gravité certaine.
Dans cet état d’abandon d’une obligatoire mélancolie, un jeune homme, étranger à cette histoire, vient démonter avec amour et patience une dernière étrange machine dont on ne sait pas ce qu’elle va faire. Les cadres stricts et larges dévoilent des espaces régulièrement parcourus par nécessité ou par plaisir. Il est question parmi tous ces trajets de la liberté du désir qui existe mais qui ne se commande pas.
Il y a l’irrémédiable de cette fermeture d’usine avec les problèmes qu’elle pose à chacun. Et puis il y a une invitation à l’amour sans culpabilité, centre de tous les étranglements qui limitent l’accomplissement de soi.
Guiraudie nous fait ressentir le poids de chaque mot, de chaque silence, il nous rend attentifs à la portion de réel de chaque cadrage, à l’espace parcouru par chaque mouvement de caméra, à l’intensité de chaque couleur.
Le désir circule, celui d’être ensemble est assouvi, celui de baiser ensemble ne l’est pas. Mais on essaie. Chez Guiraudie, le plan est un point de rencontre permanent, inouï et singulier.
Il y a les réalisateurs dont la mise en scène singe le réel (obsession du réalisme), ceux qui le surchargent (attrait du spectaculaire) et enfin ceux qui l’épurent, en retranchent et en réorganisent les éléments (sculpteur de monde nouveau).