Chercheur e psychologie qui parle du rêve?
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Deux cents réveils plus tard, ils disposaient de trois cobayes épuisés, mais d’une banque de données compilant une correspondance entre une activité cérébrale précise et des images répertoriées par thèmes comme la nourriture, les femmes, une voiture, nager, etc.
Munis de ce dictionnaire de correspondances, ils ont deviné ensuite avec une précision de l’ordre de 75 à 80%, en utilisant à nouveau l’IRM, à quoi rêvaient leurs cobayes… avant même de le leur demander!Quand Jules César tua sa mèreLa machine à décrypter les rêves, souvent annoncée, n’est pas loin.
Pour Tobie Nathan, elle existera dans une cinquantaine d’années et placera enfin les songes au cœur d’une construction analysable, en se libérant du récit du seul rêveur, souvent imprécis et hésitant.Mais ces avancées dans le domaine des neurosciences n’ont guère permis aux psychiatres et psychanalystes de progresser sur l’analyse des rêves, chère à Freud et à Jung, comme outil thérapeutique.
Il ne permet pas de dire que telle chose signifie toujours telle autre. On trouve rarement des significations directes.
Psychanalyse : ce qu’est le rêve lucide et comment un groupe de scientifiques a appris à s’y plongerChristian JarrettBBC Science Focus13 novembre 2021Crédit photo, Getty ImagesDes milliardaires s’envolent déjà dans l’espace et l’informatique quantique n’est pas loin. Et pourtant, l’un des aspects les plus familiers de la nature humaine reste une frustration pour l’étude scientifique : les rêves.
Il existe de nombreuses théories, mais la vérité est que nous ne savons pas vraiment pourquoi et comment nous rêvons.L’une des principales pierres d’achoppement pour les scientifiques a été le fait que lorsque les gens rêvent, ils sont largement coupés du monde.
A surtout lire sur BBC Afrique :C’est du moins ce que l’on a longtemps supposé.Les chercheurs ont donc eu recours à la méthode consistant à demander aux gens, au réveil, ce que leur esprit faisait pendant qu’ils dormaient, mais cette approche est incomplète et peu fiable. »Les souvenirs des rêves peuvent être incomplets, déformés et incorrects.
Cela ressemble à quelque chose de difficile à réaliser, comme le film Inception de Christopher Nolan. Crédit photo, Getty ImagesLégende image, Malgré de nombreuses avancées scientifiques, ce qui se passe dans notre esprit lorsque nous rêvons reste un territoire largement inexploré par la sciencePourtant, c’est exactement ce qu’une équipe internationale de chercheurs, dirigée par M. Paller et Karen Konkoly de Northwestern University, a réussi à faire.
Objet indissociable de la psychanalyse, étudié par la psychologie et les neurosciences, le rêve reste largement ignoré des sociologues.
Ce que propose Bernard Lahire dans l’ouvrage dont nous publions l’introduction (« L’interprétation sociologique des rêves », Éditions de La Découverte), est de faire entrer le rêve dans le champ des sciences humaines, briser le monopole de la psychanalyse et permettre de relier les rêves aux expériences que les individus ont vécues dans le monde social.
Le rêve est un objet à la fois très séduisant et très inquiétant pour le sociologue. Séduisant, il l’est par l’idée qu’on peut se faire d’un pan de notre expérience qui nous intrigue et reste le plus souvent spontanément indéchiffrable.
Pour tout chercheur ayant le goût de l’aventure, tenter de comprendre l’incompréhensible constitue un défi scientifique exaltant. Mais la curiosité et l’excitation intellectuelle que suscite un tel objet font rapidement place à l’inquiétude. Celle-ci est tout d’abord liée à plusieurs caractéristiques de l’objet. Le rêve est un phénomène mental, qui se déploie pendant que les sujets dorment et qu’ils sont, de ce fait, dans l’incapacité de parler.
Enfin, le rêve apparaît bizarre, incohérent, délirant ou incongru aux yeux mêmes de celui ou de celle qui l’a produit.
C’est ce qu’a conclu la neuroscientifique Isabelle Arnulf, de Sorbonne Université, à Paris, après s’être penchée sur les productions nocturnes d’un homme qui voyageait beaucoup pour son travail : dans un rêve sur dix, il visitait les endroits où il devait bientôt se rendre.À quoi servent ces brassages nocturnes des différents éléments de notre vie éveillée ? Ont-ils une fonction ou ne sont-ils qu’un sous-produit du sommeil ?
Ces dernières étaient considérées comme une sorte d’épiphénomène du sommeil, que le psychologue Rubin Naiman, de l’université de l’Arizona à Tucson, compare aux étoiles : « Elles brillent dans le ciel, mais semblent bien trop lointaines pour avoir une quelconque influence sur nos vies. »Un brassage de souvenirs émotionnelsUne partie des nouvelles théories élaborées porte sur les fonctions potentielles des rêves.
Le psychologue Mark Blagrove et son équipe de l’université britannique de Swansea les étudie avec des techniques comme l’électroencéphalographie (EEG), qui consiste à mesurer les petits courants électriques parcourant la surface du crâne. Dans l’une de leurs expériences, 20 volontaires ont tenu un journal détaillé de leur quotidien pendant dix jours, incluant leurs soucis, leurs peurs et leurs expériences, avant de passer une nuit dans un laboratoire du sommeil.
Lors de celle-ci, ils ont revêtu une cagoule d’électrodes qui enregistrait leur activité cérébrale et ont été réveillés à plusieurs reprises par les chercheurs ; chaque fois, ils devaient indiquer s’ils étaient en train de rêver et, dans l’affirmative, à quoi.
Le contenu des rêves commence à prendre une signification particulière et, surtout, il nécessite une interprétation pour accéder à sa signification qui serait cachée ou latente. La méthode psychanalytique consiste notamment à guider le patient ou la patiente dans une quête visant à élucider le contenu « refoulé » (instincts agressifs, désirs sexuels et autres) que le rêve véhicule.
Dans ce cadre théorique, le rêve n’est plus un état de la conscience dont l’étude permettrait d’en savoir plus sur le fonctionnement du cerveau mais un outil thérapeutique visant à traiter des dysfonctionnements psychologiques dont les causes sont à chercher dans le vécu des patientes et des patients.
Tandis que le rêve se retrouve progressivement au centre de l’intérêt de l’approche psychanalytique, de nombreux chercheurs en psychologie expérimentale s’en détournent.Quelle est la seconde cause du discrédit de la science des rêves ? L’avènement du comportementalisme (behaviorisme). Ce mouvement scientifique nie l’intérêt de la phénoménologie.
Selon ses promoteurs, tout ce qui a trait à notre expérience subjective est nul et non avenu quand il s’agit de comprendre les mécanismes psychologiques ou physiologiques de l’être humain. Pour étudier un comportement donné, ce que le sujet pense ou ressent devient un épiphénomène inintéressant car ce sont des histoires qu’il se raconte, des faux souvenirs, de l’imagerie mentale biaisée par des émotions, etc.
L’avancée la plus importante dans la recherche sur le rêve est sans doute la découverte du sommeil paradoxal.
H. Piéron et N. Vaschide, La Psychologie du rêve au point de vue médical, Paris, Baillière, 1902, H. Piéron, Le Problème physiologique du sommeil, Paris, Masson, 1913). Directeur du laboratoire de psychologie de la Sorbonne à partir de 1912, il défendra par la suite une définition behavioriste de la psychologie. De 1923 à 1951, il est titulaire d’une chaire de Physiologie des sensations au Collège de France.
Voir Archives du Collège de France, Professeurs. Dossiers personnels. Henri Piéron 16 CDF 339. Voir A. Mayer, « La Traumdeutung, clef des songes du xxe siècle ? Freud, Artemidore et les avatars de la symbolique onirique », dans J. Carroy et Juliette Lancel (dir.), Clefs des songes et sciences des rêves, Paris, Les Belles Lettres, 2016, p. 157-181. Voir L. Marinelli et A. Mayer, Rêver avec Freud, op.
cit., p. 85-98. S. Freud, « Le maniement de l’interprétation des rêves en psychanalyse » (1911), dans S. Freud, De la technique psychanalytique, trad. A. Berman, PUF, coll. « Bibl. de psychanalyse et de psychologie clinique », 1953, p. 43-49, ici p. 48. Wilhelm Stekel, Die Sprache des Traumes.
Car le sociologue, tout en contournant la réalité clinique qu’il n’aborde que sous forme de raccourcis schématiques (p. 390-392), insiste à plusieurs reprises sur la proximité entre la thérapie psychanalytique et l’entretien sociologique : ce dernier visant à reconstituer la « biographie sociologique » du rêveur permettrait de rendre celui-ci conscient de ses problèmes et aurait ainsi un effet libérateur sur lui (p. 259-261).
Mais si le fondateur de la psychanalyse avait pris un certain risque en exposant sa théorie à partir d’une analyse de ses propres rêves, rencontre indispensable avec l’objet où la subjectivité du chercheur entre en jeu, le sociologue des rêves qu’est Lahire n’est pas enclin à le suivre.
Car, on l’aura compris, l’opération théorique engagée par ce dernier vise à mettre son objet tellement à distance qu’il risque de le perdre de vue.
L’interprétation sociologique des rêves nous renseigne donc surtout sur les limites contre lesquelles peut buter un chercheur en sciences sociales quand il cherche à s’emparer d’un objet aussi déroutant et relevant de la vie intime comme le rêve sans aller à la rencontre de celui-ci. La réponse de Bernard Lahire Historien des sciences humaines, et notamment de la psychanalyse, A. Mayer (A.M.)
n’a pas trouvé grand intérêt à mon ouvrage dont il réduit in fine la fonction à révéler « les limites contre lesquelles peut buter un chercheur en sciences sociales quand il cherche à s’emparer d’un objet aussi déroutant et relevant de la vie intime comme le rêve sans aller à la rencontre de celui-ci ». Sa première grande critique concerne la « théorie ». A.