Clémenceau qui de nous n’a rêvé?
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Georges Clemenceau : On reconnaît un discours de M. Jaurès à ce que tous les verbes sont au futur… Jean Jaurès : Je constate, monsieur Clemenceau, que vous avez groupé contre nous l’unanimité enthousiaste de la Chambre, chaque fois qu’avec votre admirable vigueur de polémiste vous avez pris à partie le socialisme… Clemenceau : Mais vous n’êtes pas le socialisme à vous tout seul, vous n’êtes pas le bon Dieu !
Jaurès : Et vous, vous n’êtes même pas le diable ! Clemenceau : Qu’en savez-vous ?… M. Jaurès parle de très haut, absorbé dans son fastueux mirage ; mais moi, dans la plaine, je laboure un sol ingrat qui me refuse la moisson […]. Vous avez le pouvoir magique d’évoquer, de votre baguette, des palais de féerie.
Je suis l’artisan modeste des cathédrales qui apporte une pierre obscurément à l’ensemble de l’œuvre et ne verra jamais le monument qu’il élève. J’ai l’air de rabaisser mon rôle ; dans ma pensée, je le grandis, car vos palais de féerie s’évanouiront en brouillard au contact des réalités, tandis qu’un jour la grande cathédrale républicaine lancera sa flèche vers les cieux.
Vous prétendez fabriquer directement l’avenir ; nous fabriquons, nous, l’homme qui fabriquera l’avenir et nous accomplissons ainsi un prodige beaucoup plus grand que le vôtre.
C’est notre idéal à nous, magnifier l’homme, la réalité plutôt que le rêve, tandis que vous vous enfermez, et tout l’homme avec vous, dans l’étroit domaine d’un absolutisme collectif anonyme.
Clemenceau le soutient autant qu’il peut et admire plus que jamais le peintre des Nymphéas qui jette les dernières forces de son génie dans cette série de toiles hyper impressionnistes, hymne à la Nature et à la Couleur. Devenu quasi-aveugle, mais refusant l’opération de la cataracte qu’il redoute, Monet parle d’abandonner.
Furieux, Clemenceau réagit avec une violence de jeune homme en colère et l’injurie, parle d’un « délire d’enfant raté » pour l’obliger à surmonter son infirmité si douloureuse, avec le cancer du poumon qui l’épuisa et dont il mourra : « Un vieux couple qui s’aima, se compléta, s’estima, se chamailla mais ne divorça jamais, et qu’unissait une certaine idée de la France, celle de la République et celle de l’impressionnisme. Liberté de créer, liberté de vivre.
C’est naturellement Clemenceau qui organise et inaugure le 17 mai 1927 l’exposition au « musée Claude Monet », aujourd’hui musée de l’Orangerie à Paris, digne écrin pour le dernier chef d’œuvre de Monet enfin exposé au public.
Il meurt le 24 novembre 1929 à Paris. Son testament du 28 mai stipulait « Ni manifestation ni invitations, ni cérémonie.