Comment le rêve américain peut-il être considéré comme un mythe?
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Des mythes-piliers du modèle, faisant miroiter une inéluctable ascension, pour celui “qui a la force et la foi”. Des mythes qui promettent l’égalité des chances, dans un pays construit par la volonté d’immigrés venus y accomplir un rêve de bonheur, inscrit jusque dans les textes. S’il n’est pas exempt de valeurs, le Rêve américain lie bien bonheur et réussite matérielle.
C’est en tous cas, ce que nous donne à voir le cinéma – témoin des évolutions de l’American Way of Life… Aujourd’hui nous allons parler du rêve américain et du mythe du self-made man en compagnie d’Anne-Marie Bidaud, maître de conférences honoraire en études américaines, et historienne du cinéma américain, auteure de Hollywood et le rêve américain paru chez Armand Colin, et Bradley Smith, maître de conférences en civilisation américaine à l’Université Paris-Nanterre, auteur d’une thèse intitulée La Dialectique du néolibéralisme aux États-Unis : aux origines de la ‘révolution conservatrice’ et de la crise financière de 2008 (2015), et dont les recherches actuelles portent notamment sur l’évolution du rôle des politiques publiques et des conditions économiques dans la définition de l’American Way of Life…
Ascension sociale, prime au travail et à l’esprit d’initiative, affranchissement : on sait par coeur les clichés qui entourent le mythe du rêve américain. Mais au fait, d’où vient cette expression ? Et que signifie au juste l’expression The American Dream forgée par l’historien James Truslow Adams ?
Le rêve américain, ajoutait-il, ce ce n’est pas seulement un rêve de prospérité matérielle, mais celui, pour tout homme et toute femme, de réaliser son potentiel, sans les entraves des barrières artificielles, érigées par des sociétés plus anciennes et plus stratifiées, comme les sociétés européennes. « Sans égard pour les circonstances fortuites de naissance ou de position », pour le citer dans le texte.
Les Carnets de la création Écouter plus tard Des attaques croisées contre le principe méritocratiqueOn reconnaît là le principe d’équité, ou encore d’égalité des chances, qui est à la base de la majorité des théories anglo-saxonnes modernes de la justice.
Que reste-t-il du « rêve américain » ? Qu’ils soient source d’émerveillement ou de rejet, les États-Unis ont profondément modelé nos modes de vie, que ce soit sur le plan politique, culturel ou économique depuis le milieu du XIXe siècle au moins. Retour sur l’histoire d’une relation plus ambivalente et plus complexe qu’il n’y paraît.
Des vastes plaines du Far West, aux gratte-ciels de la « Grande Pomme », du Coca-Cola aux blockbusters hollywoodiens, de Ford à Apple, l’American Way of Life a largement façonné le visage de la planète depuis la fin du XIXe siècle. Ce qu’on appelle communément « l’américanisation du monde » ne saurait pourtant être réduit à du pur impérialisme, les va-et-vient ayant été incessants entre le Nouveau-Monde et l’ancien.
Professeur d’histoire contemporaine à la Faculté des lettres, Ludovic Tournès en fait la démonstration dans son dernier ouvrage à l’heure où semble se profiler un profond changement de paradigme. Entretien et éclairages. Campus : Vous n’êtes de loin pas le premier à vous pencher sur la relation qu’entretiennent les États-Unis avec le reste du monde. Pourquoi ce livre aujourd’hui? Ludovic Tournès : J’ai écrit ce livre pour deux raisons principales.
Le deuxième point, c’est que, selon moi, l’américanisation n’a pas été envisagée de la bonne manière et dans toute sa complexité par les chercheurs qui se sont penchés sur le sujet. Mon objectif était donc d’aborder le problème sous un jour nouveau. Lequel? L’américanisation est souvent envisagée comme un mouvement de domination unidirectionnel qui partirait des États-Unis vers le reste du monde.