Comment les auteurs voient le rêve?
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D’autre part Diderot a été tenté d’assimiler la pensée consciente qui invente des relations nouvelles et les associations délirantes du rêve, auquel cas le rêve pourrait avoir une véritable fécondité intellectuelle. Cependant ne s’agit-il pas que d’une tentation favorisée par l’étendue sémantique du verbe « rêver » ? Ses réticences à l’égard de la capacité heuristique des rêves n’ont pas manqué.
À Hemsterhuis qui déclare « Dans les songes on découvre souvent des vérités géométriques, qu’on avait cherché en vain pendant ses veilles » Diderot répond : « Je ne crois pas qu’aucune découverte géométrique ait été faite en rêve ; ni qu’il s’en fasse jamais aucune ». La réponse a pour argument la nature pathologique du rêve : il est « un malaise, sinon une maladie »6.
On se trouverait donc dans une impasse : ce qui semblait pouvoir permettre par son lien au régime du corps de comprendre les mécanismes de la pensée est disqualifié en raison de la différence entre l’homme valide et l’homme malade. Mais faut-il s’en tenir à un constat d’échec ? À défaut de déboucher sur des certitudes à propos de la connaissance par le rêve, Diderot a élaboré une forme fictionnelle dont l’aboutissement est le Rêve de D’Alembert.
À partir de ces textes nous tenterons de voir comment la forme-rêve, avec son substrat physiologique, est une création susceptible de prendre en charge des éléments théoriques, de donner parfois une forme résolutoire idéale à l’indémontrable de la théorie et surtout de produire sa rhétorique persuasive. Elle cristallise théorie et vision de façon à susciter l’adhésion. 8 Léviathan, chapitre II, « De l’imagination ».
C’est un peu comme observer l’intérieur du rêve ! Les expressions du visage sont conservées pendant le sommeil, mais le corps est figé. Une autre fenêtre d’accès au rêve est l’imagerie cérébrale et l’électroencéphalogramme, souvent utilisés pour observer les activations régionales du cerveau pendant le sommeil. C’est d’ailleurs une des méthodes qui nous a permis de montrer que le rêve se déroulait en direct pendant le sommeil. Alors que certains scientifiques en doutaient jusqu’à présent.
Nous étudions aussi les hallucinations visuelles ou auditives survenant dans les maladies comme la narcolepsie. Ce sont des fragments de rêve surgissant en plein éveil. Pour finir, l’étude du rêve lucide est aussi un bon moyen d’accéder directement aux songes. Le rêveur lucide est conscient qu’il rêve et peut contrôler le scénario de son rêve en dormant. En rêve, les aveugles peuvent voir, et les sourds, entendre !
Cela montre-t-il finalement que le rêve ne s’inspire pas que de notre vie réelle ? I. A. : La source de nos rêves est complexe. Les rêves peuvent faire référence à notre journée, à nos ressentis, mais aussi à la représentation que nous avons du monde et à celle que nous renvoient les gens autour de nous. La question qu’on se pose est : nos rêves sont-ils d’origine innée ou acquise ?
Comment alors expliquer que quelqu’un qui n’a jamais entendu un son de sa vie entende sa voisine parler au téléphone dans son rêve ?
Une autre partie du rêve me le montre marchant en plein soleil devant la gare Saint-Lazare. Il est avec un compagnon qui lui dit : « Tu devrais faire ajouter un bouton à ton pardessus. » Là-dessus, je m’éveillai. [1] On aura reconnu dans ce texte intitulé « Rêve » un extrait d’Exercices de style, le célèbre ouvrage dans lequel Raymond Queneau raconte en 1947 la même histoire de 99 façons différentes.
Deux scènes incongrues et insignifiantes, peu reliées entre elles, font entrer dans un monde à la fois ordinaire et incertain à propos duquel on ne sait pas trop qui voit et qui entend, jusqu’au moment où la brusque apparition d’un moi vigile fait rupture et où le lecteur vérifie que c’était bien un rêve.
Compagnon de route des surréalistes et lecteur critique de psychanalyse, Queneau a capté avec humour dans ce pastiche un style de récit assez emblématique qui se développe à partir du XIXe siècle autour d’auteurs, classiques en leurs temps, comme le plus célèbre et le plus cité, l’historien Alfred Maury (1817-1892), mais aussi comme les philosophes et psychologues Victor Egger (1848-1909) et Marcel Foucault (1865-1947), qui s’entraînent à noter et analyser leurs productions nocturnes.
Le projet de ces amateurs de rêves est d’élaborer un savoir positif, une onirologie ou une hypnologie, comme on dit alors, à partir d’observations et d’expérimentations fiables pour édifier une psychologie et une physiologie de l’esprit et du corps endormis.
Dans son Anthropologie in pragmatischer Hinsicht, il cite ce souvenir d’enfance pour illustrer la thèse du rapport entre physiologie du rêveur et activité onirique. Mais sans nier la fréquence des rêves1, il se refuse, pour sa part, à leur consacrer un examen prolongé à cause de leur caractère aléatoire et désordonné. Position réductrice symptomatique, mais qui ne rend pas compte de la variété des réponses apportées tout au long du siècle à la question des rêves.
Les textes en effet ne manquent pas qui per¬ mettent de répondre plus complètement à la sommation philosophique d’Albert Béguin dans L’âme romantique et le rêve : Toute époque de la pensée humaine pourrait se définir de façon suffisamment profonde, par les relations qu’elle établit entre le rêve et la vie éveillée.2 Quelle relation établit donc le siècle des Lumières entre le rêve et la vie éveillée ? Quelle fut sa démarche ?
Comment le rêve a-t-il été compris ? Nous ne répondrons pas de manière exhaustive à ces questions.