Des rêves anciens qui reviennent en flot?
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Une seule chose demeure à l’esprit et c’est l’incertitude. Dans cet univers, rien ne s’enchaîne et rien n’est certain. Seuls des instants reviennent à la mémoire, permettant ainsi au souvenir de se déployer. Or, toute liaison cohérente, toute suite logique, est absente. En conséquence, les récits de rêves ne peuvent pas suivre un déroulement continu et une chronologie construite. Une autre approche a alors été adoptée par les artistes et écrivains afin de représenter le phénomène.
On ne se concentre plus sur le contenu du rêve, mais sur la manière dont ce contenu vient à l’esprit du rêveur au réveil. Ce qui façonne l’oeuvre désormais est la manière dont les rêves reviennent à la mémoire lorsqu’ils sont racontés. Quelques auteurs et théoriciens ont d’ailleurs tenté de développer une stylistique du rêve, qu’ils ont nommé « récit de rêve ».
Ils parlent alors d’un style bref, dont le ton est plus interrogatif qu’affirmatif et où règne une impression d’incertitude. Puisque tout est indéterminé, le récit est maintenu dans l’approximatif.
3 Lorsque tu as fait un vœu à Dieu, ne tarde pas à l’accomplir, car il n’aime pas les hommes stupides. Accomplis le vœu que tu as fait ! 7 Si tu vois dans une province le pauvre opprimé, le droit et la justice violés, ne t’en étonne pas, car un homme de rang élevé est placé sous la surveillance d’un autre de rang plus élevé, et au-dessus d’eux il y en a de rang plus élevé encore.
9 Le ciel est bien plus haut que la terre. De même, mes voies sont bien au-dessus de vos voies, et mes pensées bien au-dessus de vos pensées. 7 » En priant, ne multipliez pas les paroles comme les membres des autres peuples : ils s’imaginent en effet qu’à force de paroles ils seront exaucés. 9 » Voici donc comment vous devez prier : ‘Notre Père céleste !
Que la sainteté de ton nom soit respectée, 23 Il ajouta avec serment : « Ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c’était la moitié de mon royaume. » 2 En effet, nous trébuchons tous de bien des manières. Si quelqu’un ne trébuche pas en paroles, c’est un homme mûr, capable de tenir tout son corps en bride.
Le rêveur est attaqué par son propre mal dont l’arme favorite est l’instrument tranchant : ongles « se recourbant en griffes de tigre, en serres de vautour », « mains crochues », « cornes », dans Jettatura de Gautier26 ; « baisers aigus » qui « incis[ent] » dans le poème « Succube » de Philotée O’Neddy27 ; « ventouses » et « bouches pointues » dans M. de Phocas.
L’espace du rêveur peut être alors montré comme une place forte comme c’est le cas dans le cauchemar du Dernier Jour d’un condamné de Hugo, texte qui insiste sur tous les éléments qui relèvent de la clôture : portes, fenêtres, serrures, verrous.
De même, dans le cauchemar rajouté par Musset à sa traduction de De Quincey, L’Anglais mangeur d’opium, le narrateur rêve qu’un cadavre est couché à côté de lui ; nullement effrayé, le rêveur porte ce dernier dans la chambre voisine et ferme sa porte à clé :
29 Victor Hugo, Le Dernier Jour d’un condamné, Pocket, 2006, p. 90. 30 Jean Lorrain, M. de Phocas, op. cit., p. 159.
Se développe une pratique de l’écriture scientifique des rêves, avec des questions comme : comment les noter ? Comme des récits, ou en style télégraphique ? Les transcriptions sont-elles fiables ? C’est là qu’apparaît le projet de faire une science des rêves. »L’un de ses représentants célèbres, Alfred Maury, professeur au Collège de France, publie en 1861 Le Sommeil et les Rêves.
Il constate que les souvenirs de rêves sont rares, et en déduit que ceux-ci surviennent, non pas de façon permanente, mais de façon épisodique et aléatoire, pendant l’endormissement (images hypnagogiques), sous l’influence de stimuli externes ou internes, ou avant le réveil.CC Lan TruongLe rêve n’a pas fini sa mue.
Quelques décennies plus tard, l’intérêt que lui porte un médecin autrichien, un certain Sigmund Freud, va donner naissance à un livre culte : L’Interprétation du rêve (Die Traumdeutung en version originale). Tout ce qu’on croyait savoir sur le rêve se retrouve à nouveau chamboulé. Du moins, c’est ce qu’espérait Freud.
Terminé en 1899 mais daté de 1900 par l’éditeur afin de profiter symboliquement de l’entrée dans le nouveau siècle, L’Interprétation du rêve est un livre thèse. « J’y apporterai la preuve, annonce Freud dès les premières lignes, qu’il existe une technique psychologique permettant d’interpréter des rêves et qu’avec l’application de ce procédé toute espèce de rêve se révèle être une création psychique chargée de sens.