Et qui sait si les felurs nouvelles que je rêve?
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Baudelaire a successivement recouru au passé (« ne fut »), au passé composé (« ont fait ») puis au présent (« reste ») afin de démontrer la rapide évolution de sa vie. Seconde strophe : Ce second paragraphe présente l’âge adulte comme un triste automne. Nous pouvons percevoir la résignation du poète lorsqu’il emploie « Voilà que » et « et que ».
Quatrième strophe : Ce dernier paragraphe expose la réalité du temps qui empêche l’espérance et la croissance. Les images que l’on retrouve au sein de cette dernière strophe rappellent l’hiver, cette saison au cours de laquelle l’épanouissement de nombreuses formes de vie est condamné.
La peur que le poète ressent par rapport au rapide déroulement de son existence est traduite par le biais d’un champ lexical entourant la mort et la mise en terre d’un défunt : « pelle » « terres » « creuse » « trous » « tombeaux »
ô douleur ! Le Temps mange la vie,Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le coeurDu sang que nous perdons croît et se fortifie !
Le temps est l’une des plus obsédantes composantes du spleen de Charles Baudelaire (« L’horloge », « le goût du néant »). Omniprésent, étouffant, il se révèle douloureusement à chaque étape de la vie en y imposant un bilan désespérant. La personnification, l’utilisation de la majuscule et de l’article défini font de lui, par excellence, le monstre que l’homme doit craindre.
Le temps entretient avec l’homme et en particulier avec le poète (qui se met en cause personnellement dans le texte) des liens de domination quasi vampirique et le maintient dans un état d’aliénation qui brise toute espérance et toute forme d’inspiration. Le poème L’ennemi, tiré du recueil Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire, souligne qu’il est donc doublement redoutable sur le plan humain et sur le plan poétique.
Le sonnet est construit sur une métaphore filée :Premier quatrain : La jeunesse est comparée à un été bouleversé par les vicissitudes du temps.Deuxième quatrain : Le bilan négatif de la maturité, qui est comparée à l’automne.
L’ennemi Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,Traversé çà et là par de brillants soleils;Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.Voilà que j’ai touché l’automne des idées,Et qu’il faut employer la pelle et les râteauxPour rassembler à neuf les terres inondées,Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêveTrouveront dans ce sol lavé comme une grèveLe mystique aliment qui ferait leur vigueur?- O douleur !
ô douleur!
Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait A l’âme en secret Sa douce langue natale. Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde.
Tristesses de la Lune Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse; Ainsi qu’une beauté, sur de nombreux coussins, Qui d’une main distraite et légère caresse Avant de s’endormir le contour de ses seins, Sur le dos satiné des molles avalanches, Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons, Et promène ses yeux sur les visions blanches Qui montent dans l’azur comme des floraisons.
Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive, Elle laisse filer une larme furtive, Un poëte pieux, ennemi du sommeil, Dans le creux de sa main prend cette larme pâle, Aux reflets irisés comme un fragment d’opale, Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil XCVIII.