Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve?
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Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait A l’âme en secret Sa douce langue natale. Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l’humeur est vagabonde; C’est pour assouvir Ton moindre désir Qu’ils viennent du bout du monde.
Tristesses de la Lune Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse; Ainsi qu’une beauté, sur de nombreux coussins, Qui d’une main distraite et légère caresse Avant de s’endormir le contour de ses seins, Sur le dos satiné des molles avalanches, Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons, Et promène ses yeux sur les visions blanches Qui montent dans l’azur comme des floraisons.
Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive, Elle laisse filer une larme furtive, Un poëte pieux, ennemi du sommeil, Dans le creux de sa main prend cette larme pâle, Aux reflets irisés comme un fragment d’opale, Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil XCVIII.
Baudelaire a successivement recouru au passé (« ne fut »), au passé composé (« ont fait ») puis au présent (« reste ») afin de démontrer la rapide évolution de sa vie. Seconde strophe : Ce second paragraphe présente l’âge adulte comme un triste automne. Nous pouvons percevoir la résignation du poète lorsqu’il emploie « Voilà que » et « et que ».
Quatrième strophe : Ce dernier paragraphe expose la réalité du temps qui empêche l’espérance et la croissance. Les images que l’on retrouve au sein de cette dernière strophe rappellent l’hiver, cette saison au cours de laquelle l’épanouissement de nombreuses formes de vie est condamné.
La peur que le poète ressent par rapport au rapide déroulement de son existence est traduite par le biais d’un champ lexical entourant la mort et la mise en terre d’un défunt : « pelle » « terres » « creuse » « trous » « tombeaux »
L’ennemi Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage,Traversé çà et là par de brillants soleils;Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.Voilà que j’ai touché l’automne des idées,Et qu’il faut employer la pelle et les râteauxPour rassembler à neuf les terres inondées,Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêveTrouveront dans ce sol lavé comme une grèveLe mystique aliment qui ferait leur vigueur?- O douleur !
ô douleur!
Cet élan prend appui sur les images de la strophe précédante dans le cycle des saisons, l’automne, puis l’hiver associé à la mort, font espérer le renouveau du printemps (« fleurs nouvelles », vers 9). L’enchaînement des images conduit à une interprétation qui se situe sur le plan de la nature (« automne », « eau », « sol lavé », « fleurs nouvelles »).
L’enchaînement des symboles (saisons = représentation symbolique des étapes de la vie) conduit à considérer les « fleurs nouvelles » comme le printemps des idées, c’est à dire un renouvellement de l’inspiration après une purification qui s’apparente à un rite. Le « mystique aliment » prend alors une valeur religieuse, « les fleurs » évoquant le titre du recueil (Les Fleurs du Mal).
Deuxième tercet – Démenti catégorique Le deuxième tercet apporte un démenti catégorique qui s’exprime en deux temps : L’expression de la souffrance : le premier hémistiche du vers 12 est un double cri du désespoir, peut-être une invocation suppliante (« Ô douleur ! ô douleur !