A une jeune fille qui avait raconté un rêve?
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Mieux encore, il n’aurait jamais affronté l’épais brouillard du début des temps qui le transforma, même temporairement, en Noé omnipotent, démiurgique. 36Dans le projet romanesque des Fleurs bleues, le problème n’est pas tant de savoir de quoi le duc d’Auge et Cidrolin rêvent, mais plutôt de quelle manière. Car le contenu est encore de l’histoire, c’est encore de l’événementiel, c’est encore du trop manifeste.
Pour commencer, le duc considère les rêves avec quelque angoisse, car la matière est polymorphe, susceptible de le démasquer à tout moment et de le rendre responsable de ses faits et gestes. Aussi, l’enquête qu’il entreprend auprès de l’abbé se fait-elle agressive et interrogatrice :
NEUVIÈMEMÉDITATIONÀ UNE JEUNE FILLEQUI AVAIT RACONTÉ UN RÊVE Un baiser sur mon front ! un baiser, même en rêve ! Mais de mon front pensif le frais baiser s’enfuit ; Mais de mes jours taris l’été n’a plus de séve ; Mais l’Aurore jamais n’embrassera la Nuit.
Elle rêvait sans doute aussi que son haleine Me rendait les climats de mes jeunes saisons, Que la neige fondait sur une tête humaine, Et que la fleur de l’âme avait deux floraisons. Elle rêvait sans doute aussi que sur ma joue Mes cheveux par le vent écartés de mes yeux, Pareils aux jais flottants que sa tête secoue, Noyaient ses doigts distraits dans leurs flocons soyeux.
Elle rêvait sans doute aussi que l’innocence Gardait contre un désir ses roses et ses lis ; Que j’étais Jocelyn et qu’elle était Laurence ; Que la vallée en fleurs nous cachait dans ses plis.
Mais de mon front pensif le frais baiser s’enfuit ; Mais de mes jours taris l’été n’a plus de séve ; Mais l’Aurore jamais n’embrassera la Nuit. Elle rêvait sans doute aussi que son haleine Me rendait les climats de mes jeunes saisons, Que la neige fondait sur une tête humaine, Et que la fleur de l’âme avait deux floraisons.
Elle rêvait sans doute aussi que sur ma joue Mes cheveux par le vent écartés de mes yeux, Pareils aux jais flottants que sa tête secoue, Noyaient ses doigts distraits dans leurs flocons soyeux. Elle rêvait sans doute aussi que l’innocence Gardait contre un désir ses roses et ses lis ; Que j’étais Jocelyn et qu’elle était Laurence ; Que la vallée en fleurs nous cachait dans ses plis.
Elle rêvait sans doute aussi que mon délire En vers mélodieux pleurait comme autrefois ; Que mon cœur, sous sa main, devenait une lyre Qui dans un seul soupir accentuait deux voix. Fatale vision !
-378- L’écrivain avait été depuis peu triomphalement réélu député par 321 voix sur 330 : « Les conservateurs, pour la première fois, se sont embrassés avec les républicains. Ma main a fait serrer toutes les mains.
Tout le monde est heureux », mandait-il le 4 août au marquis de la Grange ; mais il était alors « plongé dans le travail historique » des Girondins, pensant en avoir jusqu’à février {au même, 23 août), et, vers le même temps, il se plaignait à Mme de Girardin d’être, lui et son épouse, « seuls, tristes, malades »….
Il se rendit néanmoins, comme promis, au déjeuner de Saint- Gengoux, qui eut lieu le 12 octobre. Il fut accueilli par Pierre Duréault et sa femme, née Gabrielle Chaillot, et par leurs filles, Louise (1 826-1 901) et Antoinette, sa cadette de deux années.