Comme un enfant dans la douceur d’un rêve qui s’enfuit?
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nisants Les arbres foudroyés qui peut en dire l’âge Qui peut dire la date atroce de l’orage Sur la fosse commune il n’est pas de gisants La mort et non l’amour est l’unique domaine Où l’homme se démasque et se découvre enfin Les traits décomposés d’un enfant qui a faim La mort et non l’amour nous rend la face humaine Regarde-toi mon frère anonyme et sanglant La mort et non l’amour soit notre Véronique Son linge gardera notre image panique À ce portrait divin nous voici ressemblants Les beaux invariants des passions vulgaires Marquent notre visage à l’instant du trépas Regarde-toi mon frère et ne sanglote pas C’est toi pourtant c’est toi qui péris à la guerre […] III […] On voudrait que la vie ait la douceur d’un chant La douceur d’un amour la douceur d’un visage Ou la blancheur au moins que font au paysage Les tribunes du champ de courses de Longchamp La vie Elle aura pris des routes singulières On dirait une noce avec des mirlitons Mais le cocher se penche et demande Où va-t-on Qui répondrait Chacun songe à sa cavalière La vie est après tout une longue agonie Qu’importe qu’on rumine aux ruelles du sort L’essentiel c’est qu’au bout du compte on s’endort Lorsque le jour déjà jaunit Gethsémani Si tu pleures Jésus est-ce de ton calvaire Ne sais-tu pas que comme toi tous nous mourrons La passion la pire est celle des larrons Jamais ressuscités à ce triste univers Au pays du soupir peut-être songeais-tu À ceux qui sans pleurer ont connu la torture Et qui n’ont pas mêlé le ciel à l’aventure Qui n’auront ni vitrail ni palme ni statue Les morts qu’on ne distingue pas des autres gens Des morts de tous les jours dont nul ne sait le nom Ceux qui sont morts un jour d’avoir répondu non Les morts qu’on ne fait pas entrer dans la légende Au pays du soupir où parmi les buissons À la fin fatigués s’endormaient les Apôtres Qui ne furent que des hommes comme les autres Et vous savez mon Dieu ce que les autres sont IV […] Je te ressemble ô Roi qui perdis la raison Je suis le pain rompu dont ta vie est la Cène Tu gardes dans tes yeux les couleurs de la Seine Tu peux fuir Je serai toujours ton horizon Je berce ta folie et je suis ta défense O monarque dément qu’on a dépossédé Qu’importe d’avoir brisé le fil de tes idées Si tu portes en toi le ciel de ton enfance V Mais il n’est pas le mien ce ciel et pas le mien Ce pays d’oliviers qui fleure les fenouils Où ce n’est pas un dieu l’homme qui s’agenouille Et tu n’es pas mon Dieu Dieu jérusalémien Tout ce bleu me paraît un beau temps de louage Et ma mélancolie est celle du marin Sur un coup de cafard qui voit avec chagrin Son corps à tout jamais couvert de tatouages O cactus de l’exil Parfum des orangers Pour un peu de vin blanc je donnerais ces palmes Ce soleil sans pardon cette mer toujours calme Où le nuage et moi nous sentons étrangers Les fleurs offrent aux yeux leur débauche adorable Les amours odorants des oeillets se marient À la rue où respire un air de griserie Nulle part je n’éprouve être autant misérable […] Pourquoi me souvient-il avec mélancolie À cet instant du monde et de ma propre histoire D’un vers de Dante au chant treize du Purgatoire Une âme qui vécut aubaine en Italie [aubain, aubaine: « Individu fixé dans un pays étranger sans être naturalisé ».
Car je ne pouvais pas, à l’heure solennelle De me donner à toi, bien toute, d’être celle Qui ne se croirait plus que ton âme et ta chair, Garder l’ombre d’un autre au fond de mes yeux clairs… Le fuir était trop lâche et le trahir infâme…
Mais plus encor, sentir quand tout mon corps se pâme, Baigné de volupté sous ton cœur triomphant, L’effroi de ce qui fut notre rêve… un enfant… Non… mon âme du moins voulait te rester pure Jusqu’à la mort !
ô sœur, ô bien-aimée, Incline encor vers moi tes boucles embaumées Et ton front, et tes yeux !
Il faut purger le monde, Depuis trois siècles entaché Par le contact forcé de ce cadavre immonde, Hors de son sépulcre arraché. Grâce à des soins savants, cette inerte dépouille Reçut un nouveau vêtement ; Comme un fer déterré dont on frotte la rouille, Elle brilla pour un moment. Devant ce faux éclat, la vérité suprême, Qu’apporta le Christ rédempteur, Vit d’un voile de deuil couvrir son diadème, Et le mensonge fut vainqueur.
Que tout ce qui s’est fait sous son ténébreux règne Tombe à cette heure de réveil ; C’est ainsi que l’on chasse, on oublie, on dédaigne Les rêves d’un pesant sommeil. Il faut recommencer ou refaire l’histoire, Un jour de Renaissance a lui ; Et nous répudions comme fausse la gloire Qui ne relève pas de lui.
Jésus de Nazareth est hors de la mesure Prescrite par les érudits : D’un Grec ou d’un Romain il a trop peu l’allure ; Qu’il se cache comme jadis. Qu’il reste à la rigueur au fond des sanctuaires D’un éclat plus neuf revêtus, Car nous abandonnons au peuple, aux gens vulgaires, Les saints, leurs noms et leurs vertus.
Que ces vieux monuments dont le christianisme Croyait nous avoir enrichis, Pour ne pas trop mentir à notre paganisme, Soient par nous refaits ou blanchis.
Si changer de drapeau, rebâtir les murailles, Est un travail de quelque prix, Il nous faudra livrer de plus rudes batailles Pour renouveler les esprits ; Afin que tout renaisse et que tout se transforme, La science, les mœurs, la loi, Nous irons plus avant : il faut que la réforme Touche au domaine de la foi.
Des privilégiés le nombre était la proie ; Qu’il proclame l’égalité Et nous marcherons vite en cette large voie De progrès et de liberté !
Rêve Le rêve le plus beau est toujours le plus simple car il ne reste rien au-delà d’un beau rêve qu’un rêve un simple rêve un rêve sans emploi réflexion sans emploi rêve sans plate-forme le rêve est au présent le refus du passé et pouvez-vous jurer vous qui jouez aux rêves qu’un rêve n’est qu’un rêve et non pas un juron le rêve est au futur le présent du passé le rêve le plus beau est toujours le plus simple un rêve un simple rêve accroché au présent un rêve d’avenir fondé sur le passé un rêve d’être sûr un rêve d’être bon un rêve un simple rêve appuyé d’un juron un rêve de la vie comme on voudrait la voir quand on aime les rêves un rêve de la vie comme on voudrait la vivre la vie la simple vie comme on la vit parfois à l’occasion d’un rêve quand on aime rêver.
A l’Est rien de nouveau Tu vois nous allions tous les deux ensemble par les sentiers diffus de notre maïeutique nous allions tous les deux le monde est ainsi fait qu’il faut aller ensemble et nous sommes allés par les sentiers touffus et sous le feu roulant des questions importunes nous avons hésité dans le soleil couchant des vents se sont levés avec des airs méchants et des cornes de brume dans le soir vieillissant où se glisse la lune nous avons hésité dans la nuit opportune des vents se sont levés commence l’aventure des vents et des idées des idées et des mots des mots sans prétention et des mots compliqués commence l’aventure car les mots sont des mots même sans prétention et bien souvent abscons comme la lune.
L’antipélican A tous mes camarades.
La mer couvrait mes cris et mes sanglots! Haroun Folle! Djamileh Haroun, ti dis vrai, peut être j’étais folle, Oui, je sentais en moi, comme un pressentiment… Haroun [à part] Cette pensée en ce moment… Peut elle se douter? Djamileh Mais un mot me console Et je bénis mon tourment, Puisque le rêve qui s’envole, [avec tendresse] Me rend ta voix plus douce et ton coeur plus aimant! Haroun [à part] De l’amour, pauvre enfant!
Splendiano rentre précédant les esclaves qui portent et servent le souper. Haroun [à Djamileh] Chére, laissons nous vivre, Le sourire fleurit sur ta lèvre, oublions Les rêves insensés qu’un doute pourrait suivre, Djamileh! Mets-toi là, près de moi! soyons gais, et soupons! Splendiano [épanoui] Bien dit: bien dit: soupons! Djamileh Ah! L’aîle d’un rêve ets legère L’aîle d’un rêve est legère Une image passagère / Rendait mon front soucieux! | ah rendait mon front soucieux.
| Mais il parle et j’espère, | Mais il parle et moi j’espère… | C’est un avenir prospère | Que je lis dans ses yeux! | Il parle et moi j’espère… | Oui, c’est un avenir prospère | Que je lis dans ses yeux! | Haroun | Oui, l’avenir a son mystère; | Qu’il soit funeste ou prospère, | Je n’en suis pas soucieux.
Luire l’amour dans ses yeux! Haroun [avec bonté] Je veux te voir heureuse, O Djamileh!