Comment accomplit ton le rêve d’icare?
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Après les avoir fixées sur le dos d’Icare, il prit son visage entre ses mains et lui dit : « Mon fils, écoute les sages conseils de ton père afin de mener au mieux notre évasion. Lorsque tu seras transporté par les airs, surtout ne t’avise pas de prendre trop d’altitude, la chaleur du Soleil risquerait de te brûler les ailes. De même, ne t’approche pas trop de l’océan et de ses hautes vagues qui pourraient t’ensevelir.
»Exalté, Icare piaffait d’impatience, car comme la plupart d’entre nous, il avait maintes fois rêvé de fendre les airs comme un oiseau. Ils s’élancèrent hors du labyrinthe et atteignirent le ciel grâce à leurs ailes amples et légères. Porté par le vent, Icare se laissait enivrer par le plaisir de sentir la brise le bercer.
Icare ne serait plus l’imprudent puni ni le chercheur d’absolu dont se détournent la plupart des hommes, mais la pure et simple victime – innombrable – des Minos multiformes qui s’ingénient à saccager nos vies. 12 Première nouvelle du recueil Ikar, Éd. Czytelnik, 1958-1959, Icare ; Bruxelles, éd. Complexe, 1990, (…) 18L’Icare de Jaroslav Iwaszkiewicz (1894-1980) opère la conjonction des trois aspects.
La nouvelle12 qui date de 1945, ouvre sur le tableau de Bruegel dont le titre est significativement perturbé : La Chute d’Icare et pose la question centrale : « Où est Icare ? où est celui qui tenta de voler jusqu’au soleil ? » Il s’agit donc d’un Icare idéaliste, dont personne ne remarque la chute, sauf le poète ou le peintre, témoins et mémorialistes.
La première page est scandée par deux amorces en écho : « Il existe un tableau de Bruegel… » et : « Je me remémore ce tableau chaque fois que je songe à un événement dont je fus témoin… » 19Le narrateur-témoin rapporte que par une belle soirée de juin 1942 ou 1943, à Varsovie, alors qu’il s’attardait presque malgré lui dans les mouvements moléculaires de la foule, croyant entendre « le cœur battant de Varsovie », il aperçut un « jeune homme au livre » – appellation qui renvoie à un titre pictural.
Ce garçon de quinze ou seize ans surgit d’abord comme un imprudent qui manque se faire écraser par un tramway : un livre dépasse de sa poche, il en lit un autre tout en marchant.
Traduction, sans doute, du rêve brisé d’Icare. Entre figure et trace, représentation et transmutation, les toiles de Jean-Pierre Ransonnet agissent avec un même degré d’intensité de la présence sensible : on dirait qu’une surface marine, à moins que ce ne soit le ciel, porte l’empreinte d’un passage éphémère, sorte de tourbillon sans fin que l’on peut imaginer être la trace laissée par le héros du mythe.
D’une simplicité discrètement majestueuse, les bois croisés d’Anne Delfieu sont des réseaux célestes qu’elle décrit comme des « sourires du ciel », comme « l’étirement des nuages ». La même finesse poétique caractérise le travail de Jean-Georges Massart. Appelant des comparaisons avec l’arte povera, ses sculptures, aériennes et d’apparence fragile, se tiennent dans une tension qui se refuse à la brisure.
Ce qui s’impose, c’est donc l’inverse de l’excès de l’homme face à la nature : les tiges de roseaux ont beau être tendues sous la pulsion créatrice de l’artiste, elles n’en conservent pas moins leur statut originel et organique.
Dans un tout autre registre et selon un langage plastique synthétique oscillant entre le plein et le vide, le sculpteur Nicolas Alquin livre une version plus directement lisible de cette histoire d’oiseau manqué : tête au sol, Icare est représenté dans la souffrance et la misère de sa chute.
Complétant cet enchevêtrement de démarches et de réflexions, la position de Daniel Dutrieux est particulièrement symbolique : la terre, matérialisée par une bâche recouverte d’argile, se voit élevée dans l’espace tandis que le ciel, d’un bleu outremer profond, gît au sol.
» 25Héritier et substitut du père, Icare veut s’envoler, mais c’est sans compter avec la répulsion qu’expriment les prêtres et le pouvoir face à une telle hubris (Ariane ne parvient à la lever que grâce à une contre-épreuve religieuse) ; c’est sans compter encore avec le ressentiment de Pasiphaé qui, repoussée par Icare, obtient du Soleil, son père, qu’il la venge.
Thésée qui faisait voile vers la Crète avec ses compagnons, raconte la chute d’Icare dont il a été témoin et la pièce s’achève en forme d’oraison funèbre.
et si je meurs,fais que cette mort, la mienne,semble aux vivants plus belle que la vie,fais que, par moi, fermente en eux,toujours plus fort, l’amour des grandes œuvreset qu’ils désirent, d’une fougue plus ardente,rompre les murs des sanctuairesdéfendus à l’élan de l’homme.
» 26C’est le jour de la fête de Prométhée qu’Icare décide de ne plus être seulement l’aède qui chante, par exemple Phaéton :
27Il lui faut donner corps à « un rêve militant », à un mythe d’émancipation :
28Aussi croit-il pouvoir se passer des mots et faire coïncider le rêve et l’action :
Soumis par a.struve le mer, 07/24/2013 – 17:19 Me voici gratifié de deux ailes majestueuses que je prends la peine d’admirer avant mon envol. Couvertes de resplendissantes plumes multicolores aux reflets dorés et argentés, elles me donnent une allure d’oiseau féérique, surnaturel, divin ! Je ne puis m’empêcher de me trouver admirable. J’esquisse quelques battements d’ailes de faible amplitude, pour jouir de l’emprise que je détiens sur celles-ci. Je balance mon nouveau jouet de haut en bas.
Puis j’accélère le rythme, et soudain, c’est merveilleux, je sens les pulsations de mon cœur accélérer. Les palpitations sont si vives que j’éprouve un martèlement dans ma poitrine. Je prends mon envol, je suis déjà à la hauteur d’un immense saule. Quelle étonnante sensation, quelle étrange impression, quel extraordinaire chatouillement ! Je suis sensible à chaque pulsation. Ce bien-être, cet incroyable plaisir, cette satisfaction accroissent mon souhait de poursuivre l’envoûtante expérience.
Et je domine ces hommes, troupeaux de moutons dirigés par de cruels bergers et remis en rang par des loups sanguinaires ! Moi, je suis sorti de cet enfer, de ce labyrinthe dans lequel je m’étais perdu. J’ai retrouvé mon chemin, je me suis retrouvé. Plus aucune chaîne ne me retient, aucune prison ne m’oppresse. Je suis libre. N’en déplaise à toi, Minos, roi de Crète.
Ta colère injustifiée te fit m’enfermer avec mon père, Dédale, dans ce labyrinthe. Tu pensais qu’une fois entré dans cet enchevêtrement de méandres, on n’en pouvait sortir.