Comment rêve-t-on?
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L’apparition de l’électro-encéphalogramme au cours des années 1930 permet de distinguer l’activité cérébrale pendant le sommeil et pendant le rêve. Un terrain que la science continuera d’explorer pour mettre à jour les différentes phases du sommeil. Mais ces progrès scientifiques n’empêcheront pas l’homme de conserver du rêve une perception intuitive.La mise en route physiologique du rêveLa neuroscience établit que le rêve naît dans l’hémisphère droit du cerveau, siège des affects et de l’imaginaire des animaux à sang chaud.
Organe complexe mais organisé, le cerveau a pour mission de transmettre et de traduire les informations véhiculées par des cellules spécifiques, les neurones. Ces neurones communiquent entre eux via des impulsions électriques véhiculées par des neurotransmetteurs, dont la sérotonine qui appelle le sommeil, et la mélatonine qui régule le cycle veille-sommeil.
C’est ainsi que les chercheurs – notamment Michel Jouvet dans les années 1950 – ont réussi à identifier qu’une nuit de sommeil comprend plusieurs cycles de « travail » de ces neurotransmetteurs.
Par exemple, on sait aujourd’hui qu’en sommeil paradoxal le dormeur est imperméable à 75% des stimuli extérieurs : ne percevant plus l’information sensorielle liée à la pesanteur, le cerveau imaginerait des scénarios pour expliquer cette absence. Son corps est également réellement paralysé. D’où les rêves où courir, fuir est impossible : nos pieds restent collés au sol. Ce type de rêve ne se déroule jamais en sommeil lent. »
Or on observe, par exemple, que le rêve de nudité intervient avec l’apparition de la pudeur, vers 5-6 ans et que c’est jusqu’à 9-10 ans, pendant la période dite de « latence », que les enfants font le plus souvent ce cauchemar (arriver sans vêtements à l’école), ce qui est moins le cas à l’adolescence et à l’âge adulte.
Nul doute que ces rêves typiques soient hautement signifiants car ils abordent des thèmes centraux de l’existence humaine : la perte, le rapport à l’autre, au corps, à la sexualité… Attention toutefois à la tentation du décodage simpliste. Les rêves ne peuvent se réduire à un dictionnaire des symboles, pour la simple raison que chaque « scénario » se trame à partir de ce que vit la personne et prend racine dans son histoire, ses peurs, ses désirs.
Les neurones doivent ainsi s’allumer à haute fréquence et instaurer des interactions entre de multiples zones de l’encéphale. Mais le problème, c’est que plusieurs études ont constaté que nous rêvons aussi pendant le sommeil lent, même si c’est un peu moins fréquent. Comment est-ce possible avec un cerveau aussi endormi ? Et quelle activité minimale doit alors avoir l’encéphale pour rêver ?
Pour y répondre, les chercheurs ont utilisé un électroencéphalographe à haute densité, qui permet de mesurer l’activité cérébrale avec précision grâce à un grand nombre d’électrodes : l’idée était de ne plus se contenter d’analyser l’activité moyenne, mais d’aller scruter ce que faisaient les différentes zones du cerveau. Des participants ont été invités à dormir au laboratoire, tout en étant régulièrement réveillés pour répondre à la question suivante : étaient-ils ou non en train de rêver ?
Grâce aux mesures effectuées quelques secondes plus tôt, les chercheurs ont alors comparé l’activité de participants embarqués dans un songe à celle de sujets qui ne rêvaient pas, et ce quel que soit le stade du sommeil. Un cerveau pas si endormi Et ce qu’ils ont découvert, c’est que le cerveau des rêveurs est loin d’être aussi endormi qu’on le croyait pendant le sommeil lent. Certes, globalement, les ondes de basse fréquence dominent.
Il n’y a rien d’étonnant au fait que nous oublions souvent une bonne partie de ce que nous rêvons. Certaines personnes prétendent même ne jamais rêver. Mais à part les personnes qui ont subi certains types de blessures cérébrales, tout le monde rêve quand il dort. On estime en gros que l’on passe plus de 2 heures chaque nuit à rêver ou dans un état de rêve.
On a cru durant longtemps que les rêves n’avaient lieu que durant le sommeil paradoxal (caractérisé par des mouvements oculaires rapides). En fait, des données montrent que les gens rêvent aussi en dehors de la période de sommeil paradoxal, soit durant le sommeil à ondes lentes, mais le contenu des rêves a tendance à être plus banal.
Tandis que nous dormons, nous passons d’un stade à l’autre, du sommeil à ondes lentes, au sommeil paradoxal, puis nous répétons ce cycle durant toute la nuit. La période qui précède notre réveil a tendance à être la phase de rêve la plus active. Les rêves plus riches, plus fascinants, ou les rêves simplement bizarres semblent se produire durant le sommeil paradoxal et c’est ce stade de sommeil que le corps semble rechercher.