Comment rêver architecte?
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Avec le concours gagné, l’architecte rencontre enfin son client. C’est la règle des marchés publics en France ! Commence alors les études du projet d’architecture, où comment passer du rêve à la réalité ?
Par son « approche globale », l’agence Chabanne & Partenaires anticipe les contraintes et aborde le travail avec l’équipe de maîtrise d’œuvre : « Chacun a à cœur de respecter et de sublimer l’esprit mis en place » précise Jean-Marc Suspène, architecte et directeur des études à l’agence. De septembre 2007 à juin 2008, l’espace aquatique LILÔ va progressivement passer du rêve à la réalité.
De la petite échelle, au moment du concours, jusqu’aux détails pour la construction, les réunions permettent de peaufiner le projet architectural. Des choix significatifs vont être faits. Perspective des ambiances intérieures de la halle bassins, LILO espace aquatique de la Côtière – Architectes et dessin © Chabanne et Partenaires À la fin du cycle, un dossier de consultation des entreprises est produit par la maîtrise d’œuvre.
Cet hiver avait lieu à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris une exposition intitulée « Revoir Paris », éponyme d’une bande dessinée fantastique, écrite par François Schuiten et Benoit Peeters. L’exposition reposait sur un parallélisme entre la conception de la bande dessinée par les auteurs et la construction de Paris par les grands projets d’urbanisme et d’architecture, réalisés ou non.
« Il faut déployer une énergie dingue pour être malin, disruptif et ça passe forcément par des périodes de charrette. C’est un système fou et peu rentable. » Avec des conséquences aussi sur les salaires des dirigeants : « Dans mon agence, on paye mieux nos salariés expérimentés que nous-mêmes. Les autres associés et moi réussissons à tenir car à côté, nous sommes tous profs.
»Pour sortir de l’ornière, les experts interrogés appellent les architectes à abandonner leur rôle de prestataires dans lequel ils se sont fait enfermer par les géants du BTP et les bureaux d’études et d’ingénierie. Sur ce sujet, Mathieu Delorme se veut optimiste. Le savoir-faire des architectes serait en passe de se revaloriser grâce aux nouvelles expertises exigées par le marché et l’émergence – encore très timide – de l’investissement à impact, écologique et socialement responsable.
« Le bas carbone, les matériaux locaux et biosourcés, autant d’éléments qui ouvrent la porte à plus de qualité et de responsabilité environnementale, estime-t-il. Nous sommes entrés dans une période de bouillonnement et les agences d’architecture doivent prendre le tournant sinon une fois de plus, d’autres acteurs, comme les boîtes d’ingénieurs, vont revendiquer ce savoir-faire. »L’intérêt public comme boussoleSur ce terrain-là, les écoles semblent s’être mises au diapason.
L’ensemble de cet univers est par ailleurs en voie de désagrégation et s’écroule par pans entiers dans l’océan qui le borde. Univers d’images où l’on ne sait distinguer le vrai du faux, labyrinthe trompeur destiné à nous égarer, ce décor est de surcroit un monde voué à la destruction. Telle est la leçon d’un film où la fin du rêve s’accompagne immanquablement de l’effondrement de l’édifice qui lui servait de théâtre.
L’architecte des rêves est donc un personnage bien éloigné du démiurge jadis incarné par Le Corbusier, héritier du héros d’Aristote qui le désignait comme le créateur par excellence. Hanté par le fantasme, jouet de l’imprévu, il n’exerce ses pouvoirs que sur les territoires incertains de l’inconscient ou de la fiction. D’un passé prestigieux n’émerge que le fantôme d’une architecture inhabitable.
Si Inception présente une vision de l’architecture qui en fait un art frère du cinéma, on peut y voir une métaphore plus générale de la crise d’un imaginaire – celui qui, depuis plusieurs siècles, a vu la création architecturale comme l’une des manifestations les plus élevées des pouvoirs de l’homme sur la nature et du prestige politique, religieux ou économique. La fiction n’est pas un domaine étranger à l’architecture.