Enfant qui rêve derrière une fenêtre texte?
Share
Please briefly explain why you feel this question should be reported.
Please briefly explain why you feel this answer should be reported.
Please briefly explain why you feel this user should be reported.
La boutique jaune fait écho à la boite aux lettres et à une belle façade peinte coté impair. A Montrouge la liberté est laissée à chaque copropriété de choisir la couleur de sa façade. Liberté est laissé aussi à la Franco-Suisse de remplacer les petits ateliers et pavillons achetés à prix d’or, par des gros immeubles blancs néo-haussmaniens impersonnels. Les petits immeubles aux couleurs vives résistent, jaune paille, bleu lavande, vert amande, rose, et égayent mon paysage.
Dans ce dense paysage urbain, il y a au moins deux cents fenêtres tournées vers moi, mais personne ne se montre jamais à aucune. Voix d’une femme au téléphone marchant dans la rue “vous dites que vous n’avez pas …blabla … livraison“. Après elle, apparaît le premier promeneur de poussette, il est noir, et tient un autre enfant par la main, ils vont tranquilles.
Un couple sort de la petite rue transversale, elle devant parle fort, lui suit avec le chien sans répondre, la rue suivante il prend à gauche tandis qu’elle continue tout droit sans tourner la tête et sans cesser lui parler fort. Une femme élégante, casquette beige, écharpe écossaise fait du tourisme. Des reflets de fenêtre qu’on ouvre courent sur la façade d’en face. Un hélico vrombit dans le ciel bleu immaculé.
Et « parce que les enfants ont autant besoin que les adultes d’une poésie qui les aide à comprendre le monde dans sa complexité, qui leur permette de démêler leurs doutes, leurs peurs et leurs joies ; bref, d’une poésie qui les éclaire sur eux-mêmes et sur les autres. Parce qu’il s’agit de former les lecteurs de poèmes de demain. », explique l’éditeur.
La Femme à sa Fenêtre regarde l’enfant de France et se prend à espérer.
L’enfant de France saisit délicatement le recueil de Maram al-Masri, le caresse, et regarde en penchant la tête le visage de la petite fille derrière le rideau. Il est frappé déjà par la tendresse des illustrations de Sonia Maria Luce Possentini.
Je vais d’un pupitre à l’autre : ils sont vides – on doit nettoyer la place, et les élèves ont déménagé. Rien, une règle, des plumes rouillées, un bout de ficelle, un petit jeu de dames, le cadavre d’un lézard, une agate5perdue. Dans une fente, un livre : j’en vois le dos, je m’écorche les ongles à essayer de le retirer.
Enfin, avec l’aide de la règle, en cassant un pupitre, j’y arrive ; je tiens le volume et je regarde le titre : ROBINSON CRUSOÉ Il est nuit. Je m’en aperçois tout d’un coup. Combien y a-t-il de temps que je suis dans ce livre ? Quelle heure est-il ? Je ne sais pas, mais voyons si je puis lire encore !
Je frotte mes yeux, je tends mon regard, les lettres s’effacent, les lignes se mêlent, je saisis encore le coin d’un mot, puis plus rien.
Il n’en reste pas moins vrai que ce texte-ci porte le sentiment de familière étrangeté au plus près des espaces imaginaires de la scène onirique. 68 L’Amour, p. 77. 69 L’Amour, p. 79. 70 Le Ravissement, p. 180-81.
71 Lol s’absente : Jacques Hold voit qu’« elle s’immobilise sous le coup d’un passage en elle, de quoi (…) 41La nuit, celui qui dort ne rêve pas qu’il rêve ou ce rêve du rêve a toutes les chances de le réveiller. Peut-être est-ce pour cela que la jeune femme de L’Amour, dormeuse impénitente, sommeille sans rêves ? Car, dans ce récit, rien, ou si peu, ne transparaît de l’imaginaire de personnages privés de vie intérieure.
La « terrasse » et le « parc » sont tous deux transformés en décor de la peur. Le lieu de mémoire qu’est la maison de la jeune femme aux cheveux noirs teints en noir n’est pourtant ni le prétexte ni le support à l’apparition d’une scène. La vision effrayante se résorbe immédiatement, et quelques instants après, l’homme « prend l’allée, ouvre la grille, sort »69.
À quoi bon « revoir bêtement ce qui ne peut se revoir », se demandait déjà Jacques Hold devant « l’expression consciencieuse, butée » de Lol debout face à la salle de bal vide de La Potinière, contrainte, dix ans après, de « fermer les yeux » pour mieux revoir son passé70.