Film curieux rêve qui bouge alain guiraudie?
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La sortie se fera à l’autre bout de la chaine, avec un plan à la Chaplin en conclusion d’un temps qui n’a plus rien de moderne. Lumière s’éteint mais Guiraudie aura bouclé la boucle, un siècle plus tard. Fin XIXème et fin XXème se rejoignent dans l’enregistrement d’un nouveau lien symbiotique entre cinéma et travail. Ramener une origine du cinéma pour filmer la fin d’un monde ouvrier n’est pas une mince affaire.
Dans l’usine de Ce vieux rêve qui bouge, Guiraudie ne se hisse pas à pareille hauteur. Il témoigne néanmoins d’une égale détermination à faire sentir la pression d’un basculement inéluctable dans l’inconnu. A la fin de la semaine, tout va disparaitre. Quoi faire après ? Dans quoi investir sa prime de licenciement ? Son envie de retravailler ? Son envie tout court ? Chacun a ses idées, ses perspectives plus ou moins floues, ses doutes en somme.
Pour l’instant, on attend. Que Jacques finisse de démonter la dernière machine. Il a jusqu’à vendredi.
Leer en castellano. IM : Un vieux rêve qui bouge ? AG : Des mecs qui reprennent des sociétés, je vois les FRALIB… PILPA, à Carcassonne, c’est une société qui fabrique des glaces, la dernière industrie de Carcassonne, et ils doivent être entre 50 et 100, c’est pas énorme. Ils ont repris leur boîte eux-mêmes avec de nouvelles échelles de salaire, des décisions qui se prennent en Assemblée Générale. C’est compliqué à faire tourner mais ils y arrivent.
AG : Effectivement, c’est peut-être ça la grande différence (avec le passé), et en même temps, un film n’est pas fait pour te refoutre dans les impasses. Je pense qu’à un moment c’était important que, cinématographiquement, on montre le côté noir. Il y a aussi une grosse difficulté à parler de politique (aujourd’hui). Je me demande si je ne me suis pas fait avoir par l’air du temps.
C’est quand même devenu un gros mot, c’est pas sexy la politique. Pourtant je me rappelle un super documentaire sur la Révolution des Oeillets, où les mecs discutent tout le temps, sont en train de se filmer en 16mm et s’engueulent, sur des enjeux politiques hyper-importants [Le film est Torre Bela (1975), de Thomas Harlan].
On le voit même dire, ô sacrilège (aucun hétéro n’aurait le droit de dire ça), que peut-être parce que tous les hommes veulent une femme, des enfants et fonder une famille que ce n’est peut-être pas si mal.Et on voit en fait tout ce que découvre un homosexuel lorsqu’il s’entiche d’une femme, le fait qu’elle peut tomber enceinte, qu’elle va refuser la sodomie… Et le film finalement semble se conclure dans beau bordel généralisé aussi décadent que réjouissant où l’on peut tirer un enseignement d’un vieux de 70 ans qui ne veut pas jouir, parce que tant qu’il ne jouit pas, il peut continuer à aimer…
Si ça ce n’est pas beau ?
Et puis voilà qu’arrive Guiraudie avec son cinéma venu d’ailleurs (de quelque part du côté d’Albi ou de Carcassonne) qui nous rappelle (et nous montre ! c’est ça le ciné !) qu’un quadra enrobé vivant à la campagne aussi a des désirs, des amants, du plaisir… des doutes aussi. Et pas que lui. Des mecs plus âgés, des dégarnis, des moches, quelques sexys aussi.
On le savait d’expérience, mais waouh, ça fait du bien de le voir à chaque plan de cette comédie épatante qu’est Le Roi de l’évasion. Alain Guiraudie donc, cinéaste régionaliste mais pas que, politique aussi, un peu fou sûrement et gay bien sûr, qui construit depuis quelques années une des œuvres les plus originales et attachantes qui soit, entre westerns du sud-ouest (Pas de repos pour les braves) et fables ouvriéro-homosexuées (Ce vieux rêve qui bouge).
Imagination débordante (il invente des mots, des machines, des pays, des tribus, des plantes qui font bander…), générosité et humanisme tout aussi triomphants : son univers n’appartient qu’à lui, tout comme ses personnages qui ne pourraient venir d’aucun autre film.
Suppléments :MEMOIRES INCERTAINES un film de Michale BoganimUn entretien entre Michale Boganim et Jean Louis Moscovitz (psychanaliste)Un livret de photos tirées des repérages, présentées sous la forme d’un album souvenir.
CE VIEUX REVE QUI BOUGEAlain GuiraudieFrance, 2007fictionDepuis maintenant 10 ans, avec trois courts-métrages, deux moyens-métrages et deux longs-métrages, Alain Guiraudie a construit un univers allant de la pure invention à la reconstruction symbolique du monde dans lequel nous vivions.« DU SOLEIL POUR LES GUEUX » et « CE VIEUX REVE QUI BOUGE », deux moyens-métrages sortis en salles en 2001, et inédits à ce jour en vidéo, sont fondateurs du cinéma d’Alain Guiraudie.C’est avec « DU SOLEIL POUR LES GUEUX » que la critique découvre avec ravissement le cinéma atypique d’Alain Guiraudie, quelque part entre le western moderne, le récit picaresque et le conte philosophique.Tandis qu’à la Quinzaine des Réalisateurs « CE VIEUX REVE QUI BOUGE », lauréat du Prix Jean-Vigo, est considéré par Jean-Luc Godard comme le « meilleur film du festival de Cannes ».Cinéma, politique, poésie, bande dessinée, musique, couleurs, lexique, champs, usine, errance, sédentarité, désir amoureux, sexe… Son cinéma foisonne de questions, et de réponses jamais complètement à côté mais jamais complètement sérieuses.Au final un désir physique de cinéma qui se révèle très rapidement être hautement contagieux.
Suppléments :« TOUT DROIT JUSQU’AU MATIN » un film d’Alain Guiraudie« APRES LA LUTTE » un film de Chloé ScialomLe scénario de « CE VIEUX REVE QUI BOUGE » DU SOLEIL POUR LES GUEUXAlain GuiraudieFrance, 2007fictionDepuis maintenant 10 ans, avec trois courts-métrages, deux moyens-métrages et deux longs-métrages, Alain Guiraudie a construit un univers allant de la pure invention à la reconstruction symbolique du monde dans lequel nous vivions.« DU SOLEIL POUR LES GUEUX» et « CE VIEUX REVE QUI BOUGE », deux moyens-métrages sortis en salles en 2001, et inédits à ce jour en vidéo, sont fondateurs du cinéma d’Alain Guiraudie.C’est avec « DU SOLEIL POUR LES GUEUX » que la critique découvre avec ravissement le cinéma atypique d’Alain Guiraudie, quelque part entre le western moderne, le récit picaresque et le conte philosophique.Tandis qu’à la Quinzaine des Réalisateurs « CE VIEUX REVE QUI BOUGE », lauréat du Prix Jean-Vigo, est considéré par Jean-Luc Godard comme le « meilleur film du festival de Cannes ».Cinéma, politique, poésie, bande dessinée, musique, couleurs, lexique, champs, usine, errance, sédentarité, désir amoureux, sexe… Son cinéma foisonne de questions, et de réponses jamais complètement à côté mais jamais complètement sérieuses.Au final un désir physique de cinéma qui se révèle très rapidement être hautement contagieux.
Mais cette comédie, cet autre film restent un mirage, une possibilité, un reflet pareil à ceux qu’au crépuscule le soleil fait à plusieurs reprises, et toujours superbement, dans l’eau du lac autour duquel rôde notre inconnu. C’est cela qui ravit, dans L’Inconnu du lac : Alain Guiraudie n’a jamais été aussi précis ni aussi direct avec son désir.
Son désir de parler du désir, du désir en général et du désir en particulier, spécialement celui qui circule entre les hommes.Jusque-là, Guiraudie avait toujours eu soin d’imaginer des fables faites, croyait-on, pour mettre des obstacles et des détours sur le chemin de ce désir.
Comme si une part essentielle de son invention, et de son intention, narrer des histoires de bandits et de héros, loin d’un cinéma français dénoncé par lui, à ses débuts, comment tristement médiocre, petit-bourgeois, dénué d’horizon, lui avait servi à dissimuler, voire à différer une autre part, peut-être plus essentielle encore : offrir à la France un cinéma du désir homosexuel digne de celui que Pier Paolo Pasolini et Rainer Werner Fassbinder offrirent à l’Italie et à l’Allemagne.Ici, plus de détour : la ligne est droite, les sexes, les bouches et les culs filmés en gros plan, le désir affirmé d’emblée et répété sans cesse, de cette manière à la fois bonhomme et impérieuse, parfaitement évidente et parfaitement absurde qui fait de Guiraudie, outre un dialoguiste de génie, le plus bienveillant des cinéastes.