Comment ferait tu la différence entre le monde du rêve?
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Anderson en très haute qualité pour figurer l’inadéquation de Jey au monde et le rêve qui pénètre la réalité –, c’est pourtant là que se niche la principale faiblesse d’un album qui ne raconte fondamentalement pas beaucoup plus que le court-métrage qui l’accompagne et qui s’étale en skits illustratifs qui peinent à captiver.
La science des rêves Si Laylow se rêve en réalisateur hitchcockien dans les photos promotionnelles de son disque, il devrait emprunter au maître du suspense son inébranlable confiance en ses effets de mise en scène. Car, lorsqu’il donne à entendre plutôt qu’à raconter, L’Étrange Histoire de Mr. Anderson force le respect. Dès son morceau inaugural, Un Rêve Étrange, Laylow parvient parfaitement à capter ce qui fait la matière des rêves.
Avec une acuité qui se poursuit dans le découpage fragmenté du disque – changements de productions, morceaux courts, déstructurés, stoppés de manière abrupte –, il orchestre une sorte de chaos organisé qui figure à la fois le bouillonnement créatif de son auteur et le comportement erratique de son personnage face à cette réalité dont il s’accommode mal.
Si le rêve nous fait vivre, il peut aussi nous empêcher d’exister, c’est-à-dire d’affronter la réalité d’un monde « dur, résistant, hostile » (Sartre) où nous devons donner consistance à notre vie. Conclusion Le rêve est un fait, il est donc nécessaire. Au sens figuré, il nous est indispensable puisqu’il nous donne des raisons d’espérer; il n’est dangereux que lorsque, à force de séduction, il en vient à usurper totalement le réel.
Entre les deux, rien ne s’était « réellement » passé. 11Dissipons l’ambiguïté : dans le film de Lang, le passage de la réalité au rêve se fait lors d’un fondu-enchaîné, mais non par un fondu-enchaîné. Celui-ci n’intervient pas comme code du passage au rêve mais pour signifier une ellipse temporelle (le temps qui passe) : ce n’est que rétrospectivement que le spectateur sera amené à réinterpréter son sens.
12Or le rêve de La Femme au portrait frappe par son refus de l’onirisme. Pour citer Reynold Humphries, « c’est Luc Moullet qui a mis le doigt sur le noud du problème : “La fin du film réside dans l’aspect naturel, anodin, réaliste des détails montrés.
[…] C’est l’absence de tout élément inquiétant qui inquiète le spectateur, la nature de l’action devant normalement inquiéter.5” » C’est en cela que, toujours d’après Humphries, Lang s’opposait à la doxa réaliste hollywoodienne puisque, selon celle-ci, mettre en scène un rêve impliquerait d’en afficher les traits oniriques pertinents. Nous importe ici ce paradoxe apparent : l’onirisme résulte de l’exigence réaliste hollywoodienne.
13Dans La Femme au portrait, l’étrangeté n’est donc pas là où on l’attend et la poétique du rêve s’efface devant les effets de signification. Le film figure le travail du rêve : loin de naître ex nihilo, le rêve se greffe sur les éléments du réel (la femme au portrait, les employés du club qui deviennent les personnages de l’intrigue policière, la discussion sur le désir avec les collègues etc.).